Au nom du principe de précaution
pleine chèvre ou traceLire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle
Au nom du principe de précaution, entre 1991 et octobre 2003, 100 000 bovins ont été sacrifiés en France, des milliers et des milliers d'ovins, de caprins, de porcs, de volailles, de bovins en Europe !
De René Descartes (1596-1650), nous avons suivi aveuglément la célèbre théorie des animaux-machines. En effet, les bêtes sont, selon ce philosophe, dénuées non seulement d'intelligence mais aussi de sensibilité et de sentiments ! Pour rationaliser notre élevage selon cette idéologie, notre gouvernement fonda, en 1946, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Cette académie reçoit alors la mission « de mettre au point les techniques de l'élevage intensif des animaux qui nous prodiguent lait, viandes, œufs. Il s'agit de déterminer les besoins alimentaires des animaux, de maîtriser les processus de reproduction, d'améliorer le matériel génétique, d'identifier, de traiter, de prévenir des phénomènes pathologiques. » C'est ainsi que « l'élevage qui était dans notre société paysanne, l'art d'élever les animaux, de les faire naître, de veiller à leur développement et à leur reproduction », est devenu un ensemble de techniques, appelé production animale. Aussi, en quelques décennies, avons-nous vécu « la fin des paysans » et le remplacement de leurs fermes familiales par des ateliers de production, caractérisés par la spécialisation, l'intensification, l'automatisation et la concentration.
Or, en 2003, nous constatons que « les animaux sont malades de l'homme et réciproquement. » À titre d'exemple : au sujet de la qualité du lait de chèvre, des transformateurs s'inquiètent des contaminations pathogènes : listéria, Staphylococus aureus, salmonelles, Escherichia coli. Nous trouvons le même questionnement au sujet du lait de vache, de brebis, des viandes, des œufs.
Aussi, au nom du principe de précaution, ne nous suffit-il pas d'abattre inconsidérément les animaux, d'essayer de trouver des remèdes problématiques d'éradication des « maladies de la civilisation », comme le suggèrent des scientistes ? La réponse à ces maux n'est-elle pas celle du bon sens paysan, celle que constate quotidiennement tout propriétaire d'un animal de compagnie : l'animal n'est pas une machine mais bien un être vivant, doué de sensibilité et d'affection ? Pour que l'animal domestique retrouve la santé ainsi qu'éleveur, milieu, consommateurs, nous faut-il restaurer notre agriculture paysanne. Ce n'est pas « revenir en arrière » que de bien traiter les humains, les animaux, la nature, comme l'a fait pendant des siècles notre civilisation paysanne. Cette renaissance, qui exige un effort collectif de la nation de plusieurs décennies devrait être notre grand projet pour le XXIe siècle.
Jean Domec, 2004
Lectures :
La France agricole ;
« Histoire de l'élevage français » par le docteur vétérinaire Jacques Risse, L'Harmattan, 1994 ;
« Le stress en élevage intensif » par les docteurs vétérinaires Dantzer et Mormède, INRA-Masson, 1979 ;
« Élevage caprin et qualité » publié par la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres, 3 mai 2001 ;
« Les vaches de la république » par M. Bertrand Vissac, directeur de recherches à l'INRA, INRA Éditions, 2002.
À consulter également :
- Quelques chiffres
- Non à l'abattage massif de bovins, ovins, porcins, caprins
- Non à l'abattage massif des chèvres, oui à la vie
- Immense désastre
- Vivons en harmonie avec le ciel et la terre
- Écoutons donc le poète
- Libérons nos cochons
- L'Homme, l'animal et les petits pois
édité par Christian Domec - xhtml - css - roseau - stat - rss - màj - m@nuscrit - potière