L'Homme, l'animal et les petits pois

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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Au nom du fondamentalisme technologique, nous avons sacrifié, vers le milieu de ce siècle, des millions de chevaux, de bœufs, d'ânes, de mulets, nos chers et fidèles compagnons depuis la nuit des temps. C'est en effet au début des « trente glorieuses » que le moteur, utilisant pourtant des ressources naturelles non renouvelables, a remplacé la traction animale dans notre pays. Simultanément, le rythme technique, exigé par l'élevage industriel, a éliminé les races rustiques incapables de supporter la violence de la production intensive. Ce tragique chambardement, en projetant l'homme lui aussi « hors-sol », a précipité « la fin des paysans ».

Ne sommes-nous pas, néanmoins, toujours fascinés par les techniques sophistiquées qui éliminent les hommes et dénaturent les animaux ; telles celles qui permettent aux vaches, subsistantes, d'ingurgiter leurs concentrés gérés par ordinateur et d'être traites par robotisation ?

Plus époustouflant encore, décidément « on n'arrête pas le progrès », « sept cent cinquante spécialistes caprins de haut niveau », réunis à New Delhi en 1992, nous révèlent que « la chèvre mange de tout » ; « il se confirme, communiquent-ils, que la chèvre laitière peut utiliser aussi bien les sous-produits industriels que les vaches, notamment les farines de viande, de plumes hydrolyses, de graisse ou d'urée. »

Ainsi, au crépuscule du XXe siècle, la chèvre, ce charmant ruminant, l'antique dieu des champs, la compagne vagabonde des prés, des bois et des haies, se transmue-t-elle de mammifère herbivore en technophile omnivore ! À l'instar des animaux qui, vivant sous l'empire des humains, n'ont pas d'avocats pour les défendre, ne voit-on pas, aujourd'hui l'ensemble des hommes s'immoler à l'idolâtrie de la machine ? Le métro de Toulouse, la gare de Monts, entre autres, ne fonctionnent-ils pas sans la présence humaine ?

Aussi, ne conviendrait-il pas de méditer sur la morale de l'histoire qu'on raconte : « Un patron de conserverie de petits pois fait visiter sa nouvelle usine, entièrement robotisée, à un responsable syndical et lui dit, pour le narguer : « Comment ferez-vous maintenant pour recruter des adhérents ? » Et son interlocuteur de répliquer : « Et vous, comment ferez-vous pour leur vendre des petits pois ? » »

Jean Domec, 1999




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édité par Christian Domec - xhtml - css - roseau - stat - rss - màj - m@nuscrit - potière

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