À l'échelle humaine

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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On ne parle que de grands travaux, grande bibliothèque, grand tunnel, poulailler géant... L'hyper et le super sont à la mode.

Et pourtant, les jeux du désir, toujours au-dessus, toujours au-delà, que notre idéologie nous inflige depuis des décennies, n'ont-ils pas entraîné désillusions et épreuves ? Ne voyons-nous donc pas les hommes vivant stressés dans les grandes cités, aspirer à un retour aux sources ? Ne prêtons-nous pas l'oreille à la complainte des animaux qui, de leurs ateliers « hors-sol », nous implorent : « Êtes-vous tellement empêtrés dans vos artifices pour ne pas songer à nous mettre à l'herbe ? Avez-vous perdu jusqu'au souvenir que notre vocation est d'entretenir des millions d'hectares que vous abandonnez à la friche ? »

Aussi, sachons arrêter cette course folle qui nous fait oublier l'essentiel et qui ne peut qu'aboutir au sentiment de l'infinie vanité de tout par la désespérance. Profitons, au contraire, des moyens qui sont à notre disposition pour vivre avec humanité au sein de la biosphère. Éparpillons-nous sur tout notre territoire, comme notre espace nous le permet. Façonnons nos communes avec de multiples ateliers de fabrication et de transformation, avec leurs petits paysans, entourés de leur parure animale et végétale, avec leurs petits artisans, commerçants, leurs petites écoles, universités, bibliothèques, cliniques, etc., comme le progrès le rend possible.

En outre, grâce à l'harmonisation des transports, par air, fer, eau, route, à la décentralisation, au collectif, au vélo, au cheval, à la marche, nous éviterons la construction d'autoroutes dévastatrices qui se nourrissent de métropoles et de déserts.

Pensons avec mesure, raison, goût, beauté, méditons en symbiose avec tous les terroirs qui modèlent la France. L'Europe et puis le monde entier nous imiteront, comprenant, enfin, que les authentiques grands travaux ne sont que d'innombrables petits ouvrages.

Jean Domec, 1994




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